Faire le ménage de son corps, ça passe par la tête!
février 19, 2014
Pour ceux et celles d’entre vous qui ne la connaissent pas,
laissez-moi vous présenter Valérie Fraser. Valérie, c’est une fille dans la mi-
vingtaine qui s’est levée un beau matin et qui a décidé qu’elle en avait assez
d’être grosse. Et quand je dis grosse, je pèse mes mots. À 345 livres, il est
difficile de se mentir sur son état. C’est pourtant un peu ce que Valérie faisait jusqu’à ce fameux jour où elle a décidé de mettre ses tripes sur la table (dans
une vidéo disponible ici) et du même coup de vider son garde-manger de sa
malbouffe.
C’était le 26 avril 2012. Presque deux ans plus tard, malgré
les hauts et les bas, Valérie vient de tomber sous la barre des 200 livres, et
c’est plus de 20 000 personnes qui suivent son parcours sur sa page Facebook.
J’ai eu la chance de discuter avec elle au sujet de son tout
nouveau livre, ainsi qu’avec la co-auteure et journaliste Marianne Prairie, lors
d’une entrevue et au lancement qui avait lieu hier soir au pub l’Île noire. Extraits d’une rencontre avec une Valérie
authentique et déterminée!
Livre |
Nana Toulouse : Vous avez été approchées pour ce livre ou c’était votre idée?
Marianne : La maison d’édition Parfum d’encre nous a
approché toutes les deux. Ils cherchaient une co-auteure pour appuyer Valérie
dans le processus. Nous nous sommes rencontrées à la maison d’édition dans un blind date professionnel et ça a cliqué
tout de suite. On a construit le livre ensemble, le fil conducteur étant bien
sûr la vie de Valérie, mais aussi ma découverte de la réalité des personnes
obèses et du changement de mes perceptions par rapport à celles-ci.
NT : Pourquoi
avoir décidé d’écrire ce livre en plus de ta page Facebook? Qu’est-ce que tu
avais envie de partager que tu n’avais pas déjà dit?
Valérie : Sur ma page, je n’ai jamais parlé de mon
passé, mais plutôt de mon cheminement dans ma nouvelle vie. Ce projet de livre
qu’on m’a présenté a été l’opportunité pour moi de me libérer de mes secrets et
de faire un deuil de l’ancienne moi. Je tiens à préciser que mon livre ne
contient pas de recette miracle pour perdre du poids!
Marianne Prairie et Valérie Frazer (Photo Marion Ecolivet) |
NT : Tu as
décidé de partager avec les lecteurs plusieurs moments de faiblesse ou
humiliants de ton passé, par exemple la fois où tu t’es réveillée submergée par
des restes de McDo. Pourquoi?
C’est très thérapeutique. J’ai pleuré de A à Z en écrivant
ce livre. Je veux juste repartir ma vie à zéro et ça me libère, de parler de mon
parcours.
NT : Et toi, Marianne,
qu’est-ce que tu as appris de cette expérience avec Valérie?
M : J’ai réalisé que j’avais des patterns de pensée sur
les obèses que je considérais comme « normaux » avant de la
rencontrer. Je me croyais pas mal ouverte mais je me suis rendue compte que
j’étais un produit de ma société, de fille privilégiée. Je faisais de la
discrimination et pas juste pour les personnes obèses. Ça m’a aussi sensibilisée à l’histoire d’une personne qui a une réalité complètement différente de la
tienne. Ça m’a permis d’ouvrir une porte et d’explorer un sujet sur lequel
j’aurais passé tout droit.
NT : Est-ce que
pour toi, Valérie, l’obésité est une sorte de dépendance?
V : La bouffe a longtemps été une béquille contre ma
solitude. Je suis dépendante de la bouffe et je le serai toujours mais je n’ai jamais accepté d’être seulement ça.
Mes parents m’ont fait un cadeau en m’encourageant à développer ma personnalité
et mon humour plutôt que de m’obliger à perdre du poids. J’aimais mieux être
grosse et avoir une personnalité que d’être mince mais vide en dedans. Cette
personnalité m’a sauvée quand ça a été le temps de maigrir.
NT : Dans ton
dernier chapitre, tu dis adieu à l’ancienne Valérie. Tu sens donc que tu es une
nouvelle personne?
V : Je n’ai jamais réécouté ma vidéo sur Youtube. Pour
moi, cette fille est morte. Ça a été un deuil de deux ans pendant lequel cette
fille me challengeait à revenir à mes
anciennes habitudes. En bouclant la boucle avec ce livre, j’ai voulu me libérer
de ces derniers souvenirs. J’ai fini de faire mon deuil. Au début, il y avait
elle, puis on a été deux. Maintenant, c’est le temps qu’elle parte.
Au Lancement du livre |
NT: Qu’est-ce que vous
aimeriez que les gens retirent de votre livre?
M : Qu’on a souvent bien des idées reçues sur une foule
de sujets, comme sur l’obésité, par exemple. Ça vaut la peine de s’arrêter, d’analyser
nos pensées et nos préjugés sur ces personnes.
V : On m’a dit un an avant le début de mon processus
que je ne passerais pas le cap des trente ans et je m’en suis foutue
royalement. Je me croyais invincible. Puis, je me suis levée un matin et je ne
me suis pas reconnue dans le miroir. Les jokes de grosses, je ne les trouvais
plus drôles. J’ai aussi rencontré des gens, comme mes colocs, qui m’ont fait
réaliser que je pouvais changer au lieu de me laisser crever.
La vie est sans limite. Les limites, c’est toi qui te les
impose. Les gens me demandent si c’est difficile d’aller au gym sans arrêt,
mais l’effort physique, c’est 10% de la job. Le reste, c’est du gros décrassage
de cerveau à l’eau de javel. C’est de réussir à se débarrasser de tes excuses.
Quand tu veux vraiment faire quelque chose, tu le fais et c’est tout. Il faut
puiser la détermination au fond de toi.
Le jour où j’ai arrêté d’être grosse est maintenant en vente
partout.
Bonne lecture!
(*les réponses citées sont des extraits d'une conversation)
Isabelle
xx
Jeune trentenaire, Isabelle travaille en Communications et rêve d'un jour réussir ses recettes du premier coup. En attendant, elle cultive aussi d'autres nobles ambitions, notamment de devenir une meilleure personne en arrêtant de chialer après le monde qui marche trop lentement devant elle sur le trottoir. Chaque mercredi, elle partagera avec vous dans la bonne humeur, ses découvertes sur son quartier, le Mile-End, ses livres, ses recettes et ses sites web préférés, ou encore ses réflexions sur tout autre sujet attirant son attention cette semaine-là! Vous pouvez suivre Isabelle sur Instagram (@isahudon)
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